Tous les êtres vivants dorment, y compris les mollusques. En revanche, le comportement et l’activité cérébrale propres à cet état varient selon les espèces.
Dans le règne animal, dormir revient à se mettre en danger vis-à-vis des prédateurs, car le sommeil s’accompagne d’une baisse de vigilance, d’une atonie musculaire et souvent d’une insensibilité aux stimuli extérieurs. Ce qui expliquerait pourquoi les individus qui ne peuvent se réfugier dans une retraite sûre affichent des temps de sommeil courts et très fragmentés : il s’agit de rester vigilant !
Pendant le sommeil, la plupart des animaux restent immobiles, à quelques exceptions près. Les mammifères terrestres prennent une posture horizontale, avec les yeux fermés, sauf le cheval (relire notre article ici), l’éléphant et la girafe, qui peuvent dormir debout pendant le sommeil lent. Les oiseaux, eux, adoptent une position verticale, et certains, comme les flamants roses et les échassiers, dorment sur une seule patte.
S’agissant d’un état spécifique propres aux animaux, l’hibernation n’est pas pour autant une forme de sommeil.
L’hibernation permet à des mammifères comme la marmotte, l’ours ou le blaireau de se protéger du froid et de la pénurie alimentaire pendant l’hiver. Ainsi, pendant plusieurs semaines ou plusieurs mois, l’hibernant, immobile dans son terrier, semble dormir. Pourtant, son état physiologique est différent du sommeil. La température interne du corps baisse jusqu’à 1 °C, tandis que chez les mammifères non hibernants, une température interne inférieure à 17 °C entraîne la mort.
En outre, l’activité cérébrale pendant l’hibernation est très différente de celle observée pendant le sommeil. Elle est en effet totalement inhibée, comme en témoigne l’électroencéphalogramme plat au-dessous de 25 °C. Mais l’animal respire, et son cœur bat. Ses fonctions vitales sont donc assurées, et il est capable de réagir à une menace extérieure. Par exemple, un bruit peut entraîner une réponse locale de son cortex auditif et une perturbation plus intense ou plus prolongée pouvant aller jusqu’à l’éveil.
Par ailleurs, le métabolisme de l’animal se modifie et devient essentiellement « lipidique », ce qui n’est pas le cas lors du sommeil. L’explication est la suivante : pour compenser la rareté de la nourriture en hiver, l’hibernant fait en effet pendant la belle saison des réserves de nourriture, principalement sous forme de lipides, qui contiennent deux fois plus d’énergie que les sucres. Il les stocke dans le tissu adipeux, qui contient très peu d’eau : cela lui permet de limiter l’augmentation de sa masse corporelle à une valeur comprise entre 60 % et 100 %.
Ceux qui dorment le plus
Le tatou géant dort 18 heures par jour. C’est un champion du sommeil paradoxal : de 5 à 6 heures par nuit, contre une et demie chez l’homme adulte. Un record vraisemblablement dû à son habitat, le terrier, un lieu sûr où le sommeil paradoxal ne le met pas en danger.
Le python consacre près de 18 heures par jour au sommeil. Les serpents observent de longue période de repos après ingestion de leur proie, pour permettre à leur métabolisme de se vouer entièrement à la digestion.
La chauve-souris détient le record de sommeil (près de 20 heures par jour) du règne animal. Une façon d’économiser l’énergie en attendant la période de disponibilité des insectes dont elle se nourrit, limitée à quelques heures par nuit.
Ceux qui dorment le moins
Les girafes ne dorment environ que deux heures par jour. Ce qui lui permet de surveiller presque constamment ses prédateurs, et de se nourrir en continu de feuilles d’arbre (jusqu’à 70 kg par jour).
L’éléphant est un pachyderme qui consacre entre 16 et 20 heures par jour à trouver les 150 à 250 kg de nourriture qui lui sont nécessaires. Il se contente ainsi de 3 ou 4 heures de sommeil par jour, qu’il ne prend pas d’une traite, mais en plusieurs périodes d’environ 30 minutes…