On se tartine de moins en moins le visage d’huile de foie de requin. Du moins à condition de choisir sa crème de beauté chez une marque de cosmétiques respectueuse de la vie animale.
Car de nombreux onguents pour la peau, sérums pour les cheveux, fonds de teint ou autres huiles de massage contiennent encore un lipide, le « squalane », utilisé comme émollient. Celui-ci est lui-même composé de squalène purifié, désodorisé et hydrogéné, une substance présente en grande quantité dans le foie de squale. On peut aussi l’extraire de l’olive, voire de la canne à sucre, elle est cependant nettement moins concentrée et moins pure dans les végétaux. Le secteur de la cosmétique en est le principal utilisateur (80 %), loin devant l’industrie pharmaceutique et vétérinaire.
L’association Bloom a passé 72 crèmes hydratantes au banc d’essai. Les conclusions de son étude sont encourageantes : les marques occidentales se sont majoritairement tournées vers le squalane d’origine végétale. Mais leurs homologues asiatiques ne semblent pas avoir suivi la même évolution.
« En 2012, après notre première étude, nous avions dit aux marques que nous reviendrions afin de les inciter à réagir, rappelle Claire Nouvian, fondatrice de l’organisation. Nous n’en avons pas terminé vis-à-vis de l’Asie : nous avons l’intention de traduire notre travail à destination des journalistes japonais et coréens. »
Pour l’ONG qui défend la faune des abysses, ce travail est une façon d’attirer l’attention sur le sort des requins d’eau profonde, en particulier l’espèce centrophorus granulosus, particulièrement appréciée pour son foie hypertrophié. Sa population a fortement décliné dans les années 1990 avec le développement de la pêche en eau profonde. L’Union européenne interdit désormais de capturer ces squales et l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) les a inscrits sur la liste rouge des espèces en danger.